Disparition de Gil Pham Trong

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gil_dans_son_dojoIl est extrêmement difficile de parler au passé d’un ami, surtout quand celui-ci nous quitte d’une façon aussi brutale qu’inattendue. Gil Pham Trong nous a quittés des suites d’une attaque cardiaque survenue lors du stage de Tamura Sensei à Lyon, début février. Si les mots paraissent dérisoires face à la mort, ils sont le seul moyen pour faire vivre le souvenir d’un être cher.

 Au dojo Fudoshinkan nous sommes particulièrement affectés par la disparition de Gil. Arnaud Lioni qui enseigne avec moi, a été son « copain de tatami » dans leurs jeunes années, à Tours sous la direction de Joël Barillet. Ils ont transpirés ensemble, chutés ensemble, souffert ensemble, et ont eu le sourire ensemble. Pour ces deux là, l’Aïkido s’est imposé comme une évidence : ce serait une histoire pour la vie ou rien.

Pour ma part, j’ai rencontré Gil il y a plus de 10 ans, grâce à un autre grand ami, Jean-Marc Dessapt. Nous avons rapidement formés un trio de bons amis où la connivence se passait souvent de paroles. Le respect, l’intelligence et le partage est notre mode de relation. Nous avons, bien qu’à distance, grandi ensemble dans notre pratique, devenant presque en même temps shodan, nidan, sandan, puis yondan pour Jean-Marc notre sempai. Jean-Marc apportait la réflexion intellectuelle au trio, nous poussant toujours à nous poser de nouvelles questions. Gil apportait une recherche par la médecine et sa connaissance du corps toujours plus poussée, qui nous ouvrait des voies, que dis-je, des autoroutes pour avancer dans notre pratique. Quant à moi, je faisais de mon mieux pour être à la hauteur de ces deux-là, apportant je ne sais trop quoi, mais nous nous retrouvions toujours avec le plus grand plaisir. Avec les années, des liens indéfectibles se sont tissés et nos familles se sont mêlées au fur et à mesure des naissances de nos enfants.

Gil était médecin allopathe, phytothérapeute, naturopathe, kinésiologue, posturologue et sa connaissance des énergies, des plantes, de la nature humaine, du corps, n’avait de cesse de nous surprendre et de nous intéresser. D’autant que c’était un chercheur infatigable qui continuait sans cesse à se former, à suivre des études, à progresser. Il nous guidait sur l’utilisation du corps sans force par l’utilisation des muscles inconscients, une recherche passionnante que j’aurai tant aimé poursuivre avec lui.

C’était aussi la santé incarnée, une force tranquille de la nature et l’image même de l’homme en paix avec lui-même. Il faisait partie de ces très rares personnes avec qui on se sentait immédiatement bien et heureux, sans qu’il ne fasse rien de spécial. Il dégageait une bonté naturelle qui restera pour moi l’image la plus forte. Ce type de personne n’est pas de celle qui se montre ou s’expose, aussi il ne fut pas très connu en tant qu’enseignant. Il venait d’ailleurs tout juste de finir de construire son dojo à la force de ses mains et de l’ouvrir en 2008. Je lui avais donné des tatamis d’occasion que j’avais chez moi pour qu’il puisse s’équiper et pratiquer avec ses premiers élèves. Il s’est mis patiemment à faire tout le reste, les vestiaires, les douches, une pièce d’eau, le dojo, sans rien demander à personne.

 

Pratiquant assidu, élève de Joël Barillet, Gilbert Millat, Malcolm Tiki Shewan, Pascal Krieger, René VDB, Daniel Leclerc, Jaff Raji, Nobuyoshi Tamura et même Tetsuzan Kuroda fréquentant les stages de Lesneven, la Colle sur Loup, Saint Mandrier ou les îles de Lerens, il n’avait de cesse d’étudier encore et toujours.

Je garde aussi de lui l’image d’un père doux mais ferme, moi qui n’ais pas encore réussi à ne pas crier sur mes enfants, je restais toujours ébahi par son éducation. Il a su créer une famille admirable, en compagnie d’une femme remarquable.

Il avait 38 ans, comme moi.

Je pense à lui et à l’injustice de la mort qui fauche un ami en pleine santé.

Mais je pense surtout à sa femme et à ses trois enfants avec qui je partage leur douleur.

 

Il n’y a pas de mots.

Il n’y a plus de mots.

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Ivan Bel

Depuis 30 ans, Ivan Bel pratique les arts martiaux : Judo, Aïkido, Kenjutsu, Iaïdo, Karaté, Qwankido, Taijiquanet Qigong. Il a dirigé le magazine en ligne Aïkidoka.fr, puis fonde ce site. Aujourd'hui, il enseigne le Ryoho Shiatsu et la méditation qu'il exerce au quotidien, tout en continuant à pratiquer et écrire sur les arts martiaux du monde entier.

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