Etre prof, ne rien attendre

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Ne rien attendre…

Quelle joie d’être professeur d’arts martiaux et qu’elle fierté de voir un de ses élèves évoluer et s’investir dans sa pratique. Pourtant la vie au dojo n’est pas toujours facile pour un prof. Tout au début, je me retrouvais souvent seul sur le tapis sans aucun élève, avec l’espoir qu’une personne intéressée vienne au cours.  Ce n’était pas très grave, je m’entraînais seul, j’en avais besoin.

Petit à petit,  mois après mois, quelques élèves ont commencés à venir régulièrement au cours, s’entraînant parfois de manière acharnée. Une autre déception quant après un an certains ne sont pas revenus. Tant d’énergie donnée, tant de travail, d’espoir pour les faire évoluer anéanti…

Mais, non, il ne faut pas venir au dojo comme on entre dans un supermarché avec l’idée d’acheter, de consommer puis de jeter. Ceux qui veulent vraiment s’impliquer dans la pratique doivent être réguliers. C’est évidement très utopique surtout à notre époque.  Après quelques temps de pratique, on peut parfois reconnaître un élève qui veut vraiment s’engager dans la discipline des arts martiaux et en tant que prof sa réchauffe le cœur.

Une petite remise en question s’imposait donc dans ma façon de voir les choses mais je n’en étais pas conscient. La transformation s’est faite au fur et à mesure de l’entraînement. J’ai doucement  appris à être au dojo, à donner cours normalement, qu’elle que soit les personnes présentes. Que les élèves soient deux, dix ou cent je donne cours avec la même concentration et détermination, sans rien attendre de plus. L’évolution de leur pratique se fera d’elle-même avec la régularité de leur entraînement.
Dans les arts martiaux ce qui importe le plus c’est d’être concentré ici et maintenant sur ce qu’il y a à accomplir et ce à chaque entraînement. Le reste n’a pas d’importance, tout est concentré dans le dojo.

O sensei

Responsabilité de laisser partir l’élève

Ne pas être trop attaché mais en restant conscient de la responsabilité pour un prof de les accompagner sur leur chemin sans prendre trop de place et sans les amener ailleurs que sur leur propre voie. Car c’est bien  là l’objectif ! Le prof est là pour ajouter des marches à l’escalier devant l’élève afin qu’il puisse avancer. L’une de ces marches est la technique martiale.

Mais le sensei est aussi sur son propre escalier, à progresser, et même s’il transmet des marches à ses élèves, il ne perd pas les siennes et continue à avancer aussi. Malgré cela, un jour le prof n’aura plus de marche à donner, ainsi ses élèves devront trouver quelqu’un qui en possède d’autres ou simplement créer les siennes. Ce jour là,  il laissera son élève partir sans essayer de le retenir ou d’en être fâché, il se retournera et reprendra l’entraînement sans rien attendre de plus.

Continuer d’évoluer  grâce à ses élèves

Il est clair que je n’aurais jamais pu évoluer si je n’avais pas été enseignant d’arts martiaux. J’ai et j’apprends grâce aux questions et problèmes que me posent mes élèves, toujours très différents suivant les personnes présentes. Parfois, le problème n’est pas énoncé oralement et m’oblige à entraîner mon ressenti pour savoir où le bât blesse.  J’ai aussi pu tester mes techniques sur tous types de personne qui viennent au dojo (sur des enfants, des jeunes, des forts, des lourds…) ainsi que dans différents types de situation (initiation, démonstration…). Après quelques années, j’ai du pratiquer avec un millier de personne si ce n’est plus.
Au final, même si les élèves défilent, le prof continue a évoluer dans sa pratique.  Au final, ne rien attendre, continuer l’entraînement, garder l’esprit ouvert quoi qu’il arrive, c’est ce que le professeur peut attendre de mieux de ses élèves lorsqu’ils reçoivent un enseignement. Et c’est exactement cette leçon là que l’enseignant doit mettre à rude épreuve dans son parcours !

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Ivan Bel

Depuis 30 ans, Ivan Bel pratique les arts martiaux : Judo, Aïkido, Kenjutsu, Iaïdo, Karaté, Qwankido, Taijiquanet Qigong. Il a dirigé le magazine en ligne Aïkidoka.fr, puis fonde ce site. Aujourd'hui, il enseigne le Ryoho Shiatsu et la méditation qu'il exerce au quotidien, tout en continuant à pratiquer et écrire sur les arts martiaux du monde entier.

5 réflexions sur “Etre prof, ne rien attendre

  • 25 avril 2014 à 19 h 41 min
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    Bonjour,

    Un article pleins de vérités, être professeur fait passer, en effet, par tout un panel d’émotions.
    Tanto simplement le plus ancien sur le Tatami, tanto panneau indicateur sur un chemin, attention cependant à ne pas tomber dans le paternalisme cela peut être, je pense, dévastateur dans les deux sens.

    « Les élèves sont nos maitres. »
    Hatsumi Masaaki – Bujinkan Soke

    Amitiés.
    Sincèrement.

    David.

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    • 27 avril 2014 à 11 h 36 min
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      Bonjour David,

      Merci pour votre commentaire ! En effet, ce n’est pas notre travail d’être des pères, simplement un exemple. J’aime beaucoup votre citation de Maîte Hatsumi.

      Cordialement,

      Hervé

  • 22 décembre 2015 à 22 h 40 min
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    L’article est vraiment super , tu as dis les choses dans lesquelles tout prof se reconnaîtra et si ce n’est pas le cas cela permettra à certain de passer le cap de la déception ou des désillusion.
    Encore bravo .

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    • 2 février 2016 à 10 h 11 min
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      Franchement, c’est pas grave, mais merci de l’avoir signalé.

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