Akira Hino : l’intention avant tout

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akira-hino-sourireEn cette fin de saison scolaire, les grands stages s’accélèrent. Le beau temps aidant, les grands maîtres du budo reviennent nous faire le plaisir de leur présence. Le week-end du 1er et 2 mai, c’est Akira Hino qui a ouvert le bal avec son éternel sourire.

 

C’est toujours agréable de revenir sur Paris pour suivre des stages de haute volée, mais encore plus quand on revoit des visages connus. HP Baum et Hervé Cornerotte, deux professeurs belges étaient présents, mais aussi d’anciens compagnons de tatamis parisiens venant du karaté Uechiryu tout comme de l’aïkido. Peu à peu, les bons éléments (je veux dire par là ceux qui sont intéressés par la recherche profonde) de divers arts martiaux finissent par se rencontrer au sein des « masters class » qu’organise Léo Tamaki. Et côté recherche profonde, personne n’a été déçu.

 

De nombreuses techniques, deux principes

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Avec Akira Hino, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures. La relation est simple, l’ambiance détendue, mais franchement studieuse. Il nous a montré tout un lot de techniques comme de faire bloquer les chevilles par une personne qui y met tout son poids et d’essayer de les tourner librement comme si de rien n’était. Tout comme la fois précédente (lire La vague intérieure), son principe de mobilité repose sur une ondulation intérieure à partir du plexus. Cela change de la concentration et du renforcement du seika tanden. Toutes les techniques, surtout celles de dégagement du corps, sont basées sur ce principe. A dire, cela semble déjà peu clair, mais à expérimenter c’est épuisant. Epuisant parce que l’on peut reste une heure sur le même geste, mais aussi parce que l’on s’aperçoit qu’à trop réfléchir rien ne passe. Il faut réellement sentir le mouvement de l’intérieur et arrêter de penser. Pour ceux qui veulent en savoir plus, je vous conseille de ne pas rater son prochain passage, parce que je suis incapable de traduire ce stage dans un blog.

En revanche cette fois-ci j’ai perçu un second principe que je connais bien : le travail de l’intention. Nous avons fait quelques exercices pour annihiler des techniques de type koshinage en aïkido ou tsuri goshi en judo (mais je ne suis pas sûr du terme dans cette discipline). Bref, en cherchant à balancer tori avec les hanches, celui-ci devait ressentir l’intention technique et contrer par un simple appui de la main et… plus rien ne passe. Ce travail pour ressentir l’intention de l’autre est au cœur des arts martiaux, mais cela reste souvent un vœu pieu. Chez Hino Senseï, c’est une réalité bien concrète. A chaque tentative de le passer sur les hanches il bloque le mouvement avec presque un souffle de sa main. C’est assez agaçant et merveilleux à la fois, et il a fallu que je ne fasse aucun appel du corps ET de la tête pour pouvoir le soulever. J’ai compris que la voie en dehors de la technique se trouvait par là, mais quel travail.

 

Intention, souffle et voix

akira-hino-rigoleAkira Hino est aujourd’hui d’un certain âge, mais sa joie de vivre lui donne un côté juvénile. Pourtant il ne faut pas se fier aux apparences car il perçoit les intentions. Mais mieux que cela, il mobilise son intention à volonté. Son souffle, la vague intérieure, ses yeux et son kiaï reflètent cette capacité à concentrer l’intention. Nous avons eu le droit à une petite démonstration de kiaï qui m’a ouvert l’esprit d’un seul coup. En parlant doucement comme lors d’une conversation courante, nous avons compris que le son se disperse afin que tout le monde sur le tatami puisse entendre. Mais avec l’intention, sa voix s’est réduite à un canal qui se dirigeait sur une seule personne. Etant à ce moment-là sur le côté du tatami, je n’arrivai plus à distinguer les sons qui sortaient de sa bouche. Hino Senseï recommence l’exercice et je me déplace rapidement au centre et là, le son était très concentré. L’intention passe donc par le souffle et se propage en son sur un seul canal, un peu comme s’il parlait dans un tube. La même chose est possible silencieusement et il nous l’a démontré lorsque Léo tentait par trois fois de le frapper avec un bokken. A chaque fois Léo semble repoussé. Je pose alors la question à haute voix « que ressens-tu Léo ? ». Réponse « mon intention est coupée nette, je n’y arrive plus. ».

 

Avec la vague, je vais pouvoir ajouter ce travail sur l’intention dans mon entraînement personnel et je ne peux qu’attendre avec impatience le retour d’Akira Hino. Si vous ne l’avez pas encore vu, n’hésitez pas une seconde, mais attention, les places sont bloquées à 80 participants,  places qui valent de l’or si vous cherchez à approfondir votre compréhension du budo.

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Ivan Bel

Depuis 30 ans, Ivan Bel pratique les arts martiaux : Judo, Aïkido, Kenjutsu, Iaïdo, Karaté, Qwankido, Taijiquanet Qigong. Il a dirigé le magazine en ligne Aïkidoka.fr, puis fonde ce site. Aujourd'hui, il enseigne le Ryoho Shiatsu et la méditation qu'il exerce au quotidien, tout en continuant à pratiquer et écrire sur les arts martiaux du monde entier.

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